My God It's So Beautiful When The Girl Smiles... {Joanna

Cela faisait des jours, des semaines, peut-être des mois, que Maxence avait du mal à dormir. Le soir, il mettait des heures avant de trouver le sommeil et le matin un rien le réveillait. Il faisait des nuits très courtes et souvent encombrées de vieux démons. Un fois de plus, il devait être plus d'une heure du matin et il n'avait pas réussi à fermer l'oeil. Il finit par se lever et aller chercher, dans sa salle de bains, un flacon de somnifères qu'il avait subtilisé chez Norah. Il s'appliqua à en lire attentivement la notice et décida qu'il ne prendrait qu'une seule géllule. Il voulait juste dormir un peu pour pouvoir assurer ses cours du lendemain sans avoir d'être un zombie dans un amphithéâtre.
Le médicament fit rapidement effet puisqu'au bout de vingt minutes, il sombrait dans un sommeil de plomb.

Les formes et les voies se mélangeaient, tout était flou et puis, c'était comme si la caméra, dans la tête de Maxence, faisait le point. Il put distinguer des tâches de couleur, comprendre quelques mots et puis il reconnut les lieux et comprit que la conversation qu'il tentait d'écouter n'était qu'un homme au téléphone derrière lui. Il était sur Walnut Street, la rue business de Philadelphie, juste en face du label Gold - Recording, celui qu'avait créé Joanna.
Il avança d'un pas décidé et entra dans le bâtiment. Il salua la réceptionniste derrière son bureau et s'engofra dans l'ascenceur. En quelques secondes il était à l'étage des bureaux des co-directrices du label et n'eut aucun mal à trouver celui de l'amour de sa vie. Il n'hésita pas devant la porte, frappa deux coups secs avant d'appuyer sur la poignée et d'ouvrir la porte sans attendre qu'on lkui ait répondu.
Joanna était là, au téléphone comme toute bonne femme d'affaire. Il lui sourit et s'assit dans un fauteuil en attendant qu'elle ait fini sa conversation.

Maxence était heureux de retrouver Joanna. Dans la vie, comme dans ses rêves, il y avait un sacré bout de temps qu'ils ne s'étaient pas vus. D'un jour à l'autre elle avait cessé de l'appeler, n'avait plus répondu à ses messages et il avait compris que c'était à nouveau fini. Et puis Norah était venue se plaindre et il en avait eu la confirmation. La pilule n'était pas vraiment passée, il l'aimerait toujours, mais il était serein avec lui-même. Il savait à présent qu'il avait eu une chance inouïe que d'autres n'avaient pas connue, celle de vivre heureux une partie de sa vie, avec une femme qu'il aimait, dans un appartement qui lui plaisait et faisant des projets d'avenir absolument merveilleux. Lui, il pouvait se vanter de savoir ce que c'était.

Il regardait la demoiselle dans les yeux, un demi sourire figeant ses lèvres charnues.

- Ca me fait plaisir de te revoir. Déclara-t-il d'une voix posée, douce et chaleureuse.

Et c'était la vérité. Elle lui avait manqué et il était heureux de la revoir.

- Shhh... Ne dit rien. Le mal est fait, tu as raison. Et nous avons peu de temps. La nuit est courte et ce rêve ne sera pas éternel. Ne perdons pas ce temps précieux en excuses inutiles. On ne changera rien au passé. tant pis. Tant mieux. J'espère qu'à présent, tu es heureuse.

Il souriait. Elle était si belle qu'il ne pourrait jamais se mettre en colère devant elle. Ca ne serait pas sérieux. Il l'avait vue pleurer et ses souvenirs s'en trouvaient ternis de manière indélébile. Autant ne pas les noircir totalement et éviter de créer une nouvelle souffrance en elle. En eux.
Il leva la tête et la quitta des yeux une seconde pour oser un regard circulaire dans la pièce. C'était un grand bureau, le vrai lieu de travail de la parfaite femme d'affaire. Peut-être était-ce en partie pour ça que ça n'avait pas put marcher entre eux. Dans le coeur de quelqu'un qui aime trop son travail, l'amour est parfois difficile à comprendre. Voire impossible. Joanna n'était pas la seule personne de l'entourage de Maxence à réussir professionnellement et a avoir des histoires de coeur... Disons, cahotiques. Mais au final, lui n'en savait rien. Peut-être filait-elle le parfait amour avec son meilleur ami, maintenant. Peut-être Norah avait-elle raison, le meilleur ami, c'était la meilleure solution. Il secoua la tête à l'instant où l'image de la petite blonde en robe de mariée traversa son esprit. Non, non. Il n'en serait pas capable. Un petit rire lui échappa et il reportat son attention sur Joanna.

- Tu devrais penser à remettre un peu d'ordre dans ton bureau! Affirma-t-il avec malice.

Maxence sourit. Son bureau au Lycée... L'époque où il était surveillant dans ce pensionnat où leurs vies à tous s'étaient rencontrées pour former une seule et grande histoire. Cet endroit où il avait rencontré ceux qui étaient devenus ses meilleurs amis. Norah et Kevin. C'était Kevin d'ailleurs, le grand bordélique qui dérangeait constamment le bureau. Pas Maxence lui-même. Il avait plutôt tendence à enguirlander le brun au sujet de son manque d'organisation. Aujourd'hui, à l'université Thomas Jefferson, il avait son propre bureau et rien ne traînait jamais bien longtemps. Il avait développé cette espèce de manie de l'ordre, un besoin de garder le contrôle de sa vie en rangeant proprement chaque lieux dans lesquels il vivait. C'était une sorte de TOC.

Il la regarda se lever et s'approcher de lui. Un sourire gêné barra son visage lorsqu'elle lui prit la main et ses joues s'enflammèrent dès que la joue tendre de Joanna entra en contact avec son torse. Secrètement, il avait souhaité depuis le début pouvoir la serrer à nouveau contre lui. Evidemment, au fond de lui même, il en désirait bien plus, Mais il était parfaitement conscient que "bien plus" c'était trop. Alors, il ne demanderait rien. Il profiterait juste au maximum de ce que Joanna voulait bien lui offrir. Il l'étreignit doucement contre lui, prenant soin de ne pas l'étouffer. Elle lui avait tellement manqué qu'il avait envie de la serrer de toutes ses forces, mais la pauvre ne le supporterait sûrement pas!

- Tu me manques, Joanna.

Il posa doucement son index sur les lèvres de Joanna et sourit, secouant doucement la tête.

- Je t'en prie, ne dit rien.

Il pencha la tête pour approcher son visage de celui de la jeune femme et embrassa doucement le coin de ses lèvres. Il s'attarda un moment contre sa peau, juste pour profiter de se chaleur, de son odeur et de sa douceur. Il pensait être assez fort pour savoir se retenir, mais il ne put empêcher ses lèvres de rejoindre celles de Joanna. A nouveau il put se sentir entier. Evidemment, il ne se plaignait pas de sa vie sans elle, mais avec c'était tellement meilleur...
Lorsqu'il mit fin à leur baiser et releva la tête, il n'osa pas la regarder dans les yeux. Il avait l'impression que ce geste lui avait été interdit et qu'il avait eu absolument tort de l'oser... Il la tenait toujours contre lui, mais il savait qu'elle le repousserait.

Il fit un rapide pas en avant et la serra fort contre lui, embrassant ses lèvres avec passion et emportement.

Il avait voulu, refuser, lui dire qu'elle ne devait pas prononcer ces mots, la réprimander et faire en sorte que ce genre de dérapages n'arrive plus. Mais Maxence finirait bien, un jour, par comprendre qu'il n'était qu'un homme et qu'en tant qu'homme, il était faible. Trop faible face à cette déesse, cette diablesse qui le hantait depuis de années déjà. Qu'elle ne quitterait jamais, ni son coeur, ni sa tête, il l'avait compris très vite. Peut-être même immédiatement, ce soir là, à St Adrien où il lui avait fait ramasser les papiers qui trainaient dans le foyer. Mais qu'il n'arriverait jamais à combattre cette envie furieuse de la faire sienne... Il ne l'avait pas même imaginé. Aussi était-il, lui-même, pris au dépourvu par ses actes.

Il suffoquait presque lorsqu'il réussit à détacher ses lèvres de celles de Joanna. A bout de souffle il se plongea dans les yeux verts de son rêve inoubliable.

- Je t'aime aussi. De tout mon être.

Il respecta son choix et retourna s'asseoir sur la chaise qu'il s'était, lui-même, attribué en entrant dans la pièces. Mais il ne rendait pas les armes. C'eut été mal connaitre Maxence que de penser qu'il baisserait les bras si facilement. Il reviendrait à la charge, c'était certain. Il en avait trop eu ou pas assez et il était plutôt de l'avise de dire qu'il n'en avait pas eu assez.
Il sourit à la blonde. Elle savait certainement ce à quoi il pensait. Mais il ne croyait pas qu'elle le mentionnerait. Elle était bien trop délicate et intelligente pour le provoquer aussi directement qu'en lui interdisant ce qu'il mourait d'envie de faire. Dans le doute, il se dépêcha de trouver un autre sujet sur lequel disserter. Quelque chose d'autre auquel elle pourrait penser et qui déjouerait la vigilence dont elle semblait décidée à faire preuve.

- Tu as l'air d'avoir vraiment beaucoup de travail. Ce n'est pas trop dur? J'espère pour toi que Mary est plus productive que son époux...

Il eut un petit rire. Alala... Kevin et son inutilité dans le bureau des surveillants...

Maxence sourit, sentant son coeur se briser en milliards de parcelles minuscules qui lentement tombaient et se perdaient au fond de son corps. Pouvait elle être cruelle au point de lui montrer leur bonheur passé? Ou était-elle totalement inconsciente de la douleur qu'il avait traversée et que ces photos lui remémoraient?
Déchiré, il baissa la tête une seconde. Lorsqu'il la releva, sa détermination était plus qu'incroyable. Il se sentit se lever sans l'avoir décidé lui-même. Il assista, comme un spectateur aux quelques pas qu'il dû faire pour contourner le bureau et atteindre Joanna. Il l'attrapa avec force et la fit asseour parmis les dossier, à côté de l'ordinateur. Malgré lui, ses mains attrapèrent le visage de la jeune femme et il pressa ses lèvres conte celles, douces et fraiches, de son adorée, Joanna. ses mains descendirent jusqu'aux lombes de la jeune femme et il la serra contre lui.

- Je t'aime Joanna. Je t'aime de toute mon âme. Personne ne pourras jamais comprendre combien je t'aime... J'ai du mal, moi-même, à le réaliser.

Ses lèvres avides parcoururent le cou dégagé de la blonde alors qu'il lui répétait combien elle était le soleil dans sa vie.

Maxence avait imaginé qu'elle le repousserait. Qu'elle le giflerait, hurlerait au viol, sindignerait avec ferveur et violence, peut-être. Il était persuadé qu'elle s'opposerait à ce contact forcé. Rêve ou pas rêve, désir ou pas désir, même si l'amour le plus pur qui puisse être imaginé entrait en compte, Joanna ne lui appartenait pas. Elle et Joseph avaient une grande importance, même lui en était arrivé à respecter cette union.

Pourtant, il avait tenté, pourtant, elle avait accepté.

Parmis tous les baisers qui aient jamais été échangés par Maxence, dans le "monde réel" autant que dans celui, plus incroyable des rêves et de l'imaginaire, aucun n'aurait pu rivaliser avec celui-ci. La sincérité, l'amour et la douleur qu'il contenait le rendait inimaginable, impossible et même incroyable. Maxence aurait voulu l'embrasser comme ça pendant des heures, des jours durant... Toute sa vie. ne jamais se réveiller, juste rêver éternellement à ce merveilleux baiser. Mais il était conscient que c'était improbable. Plus que quelques heures avant qu'un son aigu et désagréable ne l'oblige à sortitr du lit pour faire à nouveaux les mêmes gestes qu'il faisait tous les jours. Déjeuner, seul. Se doucher, seul. Monter, seul, dans sa voiture pour conduire, seul, jusque là fac où il donnerait seul des cours à des étudiants tous plus nombreux les uns que les autres. Il traverserait, seul, le campus et verrait tous ces couples d'enfants, ceux qui ont eu la chance d'avoir vingt ans ensemble et sont persuadés que les décénies les verraient passer ensemble. Il irait, seul, écouter Norah pleurer pendant une ou deux heures, peut-être même qu'elle refuserait d'une voix chevrottante de le laisser entrer comme ça arrivait souvent ces derniers jours. Alors, il rentrerait, seul chez lui pour se consacrer au même programme que le faisait la blonde. Regarder, seul, un film qu'il connaissait par coeur, refuser de boire, seul, une bouteille entière d'un alcool quelconque, grignotterait n'importe quoi, seul et irait se coucher, seul. Là, son imaginaire l'envahirait et, pour la première fois de la journée, il sourirait. Il penserait à elle et, malgré la honte, ses mains glissèrent sons ses draps. Il penserait à elle plus fort et la moindre réserve s'envolerait, il le ferait. Et puis, honteux, de nouveau triste et solitaire, il chercherait le sommeil en espérant rêver d'elle.
C'était toujours comme ça. Un quotidien aussi pathétique que rassurant.

Alors, cette fois, pour l'instant qu'il avait le droit inattendu de la serrer contre lui, il n'hésiterait sûrement pas!

Ses lèvres glissèrent sur la joue de Joanna et dans le creux de son cou. L'odeur et la chaleur étaient celles qu'il avait quitté sept ans plus tôt. Précisément celles-là mêmes qu'il avait chéries pendant tout ce temps. Intuitivement, son visage vint se blottir au creux du décolté accueillant de sa bien aimée. Il soupira d'adoration, au bord de l'extase.