I swear I don't think about you {POV Nick}

Il ne faisait pas chaud ce jour là. Un vent frais soufflait sur Philadelphie, comme c'était souvent le cas en Pennsilvanie. l'Independence Park, peu attrayant par mauvais temps, était, donc, pratiquement désert et Norah aimait cette ambiance feutrée qui y régnait lorsque les touristes, et vacanciers de toutes sortes, ne piétinaient pas, par centaines, ce sol familier. Elle avait amené sa guitare et commencé à jouer tranquillement, pour elle-même, souriant un peu. Les paroles de la chanson I Miss You du groupe Blink 182 s'élevèrent d'elles même dans l'air léger.

- Where are you? And I'm so sorry, I cannot sleep, I cannot dream tonight. I need somebody and always this sick strange darkness comes creeping on so haunting every time... Don't waste your time on me you're already the voice inside my head. I miss you, I miss you.

Elle freudonnait doucement. Il y avait fort longtemps qu'elle n'avait plus, ni joué, ni même écouté ce morceau et reprendre contact avec ces notes, qui signifiaient tant pour elle, était un peu émouvant.

Norah sursauta, lâchant un cri de surprise. Elle ne s'attendait pas à ce qui quiconque vienne percer sa bulle... Et encore moins à ce que Nick le fasse. Elle leva les yeux vers lui et sourit. Il avait l'air fatigué, mais elle ne dit rien. Elle avait un peu peur que ses paroles dépassent sa pensée, ou tout simplement qu'il ne prenne mal ce qu'elle aurait pu lui dire. Elle tapa du plat de la main à côté d'elle pour qu'il vienne s'y asseoir.

- Je te remercie. Ca faisait longtemps que j'avais pas joué, je réalise que j'en ai plus besoin que je ne me laisse le croire. C'est appaisant de chanter, ça aide à extérioriser en douceur.

Norah ne voulait pas vraiment parler aux personnes qui l'entouraient de l'amertume qui lui restait. Elle savait que personne ne trouverait sa peine légitime. Pour certains elle méritait ce qu'il lui était arrivé, pour d'autres pas. Pour tous, l'orage était passé et Norah était sensée se sentir mieux à présent. Mais son coeur refusait de se réparer aussi vite que le lui ordonnaient les esprits des autres.

Norah attrapa l'étui de sa guitare, elle rangea d'abord son médiator dans la poche prévue à cet effet, puis glissa l'instrument dans son écrin. Elle manipulait sa guitare avec une douceur infinie, ce pauvre morceau de bois représentait beaucoup à ses yeux. Elle referma l'étui et posa la guitare à côté d'elle avant de se tourner vers Nicholas et de lui sourire. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle souriait, mais il n'avait pas l'air dans son assiette et elle avait toujours pensé que sourire à quelqu'un, c'était lui donner un peu de courage face à l'adversité de la vie. De bons souvenirs lui revinrent en tête, de l'époque où ils couraient dans les flaques d'eau comme des gamins refusant obstinément de se lâcher d'une semelle, et son sourire s'élargit.

- Je t'écoute.

Elle fronça les sourcils, le fixant avec apréhension et inquiétude. Evidemment qu'elle avait vu que quelque chose clochait. Elle le connaissait par coeur, le petit Nicholas. Lui, son corps, ses humeurs, ses réactions... Elle avait tout expérimenté. Et elle avait immédiatement vu qu'il n'était pas bien.

- Bien sûr que j'ai remarqué que tu avais perdu du poids. Tu as l'air harassé. Je me doutais que tu n'allais pas très bien.

Elle attrapa sa main et la caressa doucement pour le réchauffer un peu.

- Je t'écoute Nicholas. Tu sais que tu peux tout me dire.

Elle prit un air sérieux et afficha un sourire rassurant.

- Tu n'as pas à avoir peur de me parler. Pas à moi.

Norah perdit son sourire, le regardant attentivement. Ses sourcils se froncèrent à nouveau. Elle se demanda d'abord pourquoi il lui annonçait ça à elle à ce moment, étant données les circonstances de l'instant. Puis elle se demanda pourquoi il ne lui en avait pas parlé avant. Mais les mots qu'elle avait prononcé dans ses rêves lui revinrent. Il ne lui faisait pas confiance... Elle ne serra un peu plus sa main et baissa la tête pour réfléchir. Elle se souvenait vaguement d'un exposé qu'elle avait fait, sur le diabète, étant petite.

*De nos jours on ne meurt pas du diabète* pensa-t-elle. *pas quand on se soigne. Mais c'est lourd a porter...* Elle leva les yeux vers lui, à nouveau.

- Pourquoi tu ne m'as rien dit? Pourquoi tu me le dit maintenant?

Elle baissa la tête, honteuse.

- Pardon. Je ne pense qu'à moi. Désolée. Mais... Les piqures, l'insuline... Comment tu as pu nous le cacher?

Elle se pencha pour regarder de plus près le petit appareil blanc sur la hanche de Nicholas et hocha la tête elle connaissait cette petite chose, mais elleétait incapable de se souvenir ni de son nom, ni de son fonctionnement.

- Ca t'envoie des doses régulièrement? Demanda-t-elle avançant sa main, sans tout de même oser toucher l'appareil.

Elle tourna la tête vers lui pour appuyer sa question d'un regard interrogateur, retrouvant son sourire sans l'avoir cherché. C'était une sensation étrange de parler avec lui à nouveau... Pour de vrai. Et plus encore de choses si sérieuses et inattendues. Mais ce n'était pas, pour autant, désagréable.

Norah sourit et ouvrit de grands yeux, intéressée. Elle était à quattre pattes dans l'herbe, penchée au dessus de Nick pour scruter sa hanche. Si quelqu'un passait à ce moment là, ils auraient, sans le moindre doute, l'air bien idiot. Mais, ni lui, ni elle ne s'en souciait.

- Et ça te fait mal? je veux dire, c'est piqué dans ton corps. Si tu fais un faux mouvement, quand tu te tournes ou même si tes vêtements s'y accrochent, ça doit être horrible!

Elle l'enjamba pour aller s'asseoir en tailleur de l'autre côté de lui, sous cet angle elle voyait mieux la petite pompe. Elle eut une grimace d'interrogation, ses lèvres bougeant doucement.

Norah hocha la tête en fronçant les sourcils. Elle était parfaitement d'accord avec Nicholas... Comme si c'était rare qu'elle le soit... U_U

- Tu as sûrement raison.

Elle vint s'allonger à côté de lui et sourit en fermant les yeux.

- En tout cas, c'est cool que tu aies put avoir ça. Je veux dire, t'es plus tranquille maintenant. Si ça marche bien.

Elle ne voulait pas l'accabler de reproches. Elle savait que d'autres qu'elle apprendraient la nouvelle en retard et qu'ils le prendraient sans doute bien plus mal. Elle ne lui ajouterait pas le souci de se fâcher... Si toutefois le fait qu'elle soit fâchée puisse représenter un souci aux yeux du beau brun.

- J'ai rêvé de toi, la semaine passée. Dit-elle sans ouvrir les yeux, comme si c'était normal. Et, après tout, c'était normal.

- Oui.

Elle respira calmement et laissa un moment passer avant de penser à continuer so récit.

- C'était plutôt pas cool comme rêve d'ailleurs. Pas vraiment un cauchemar mais bon... On s'engueulait. On a fait mieux comme rêve, n'est-ce pas? Dit-elle en riant. On s'egueulait parce que... J'sais même plus comment ça avait commencé c'te connerie là. Mais je me souviens que j't'en avais mis plein la tronche et t'étais tellement deg' parce que j'avais raison, que tu me disais mes 4 véritées aussi. Bref on se criait dessus comme des poissoniers. Pas cool, quoi. M'enfin, je sais que tu t'en fiches. C'est normal d'ailleurs.

- Je crois oui. C'est étrange comme sensation. J'y croyais vraiment pas, tu vois? Et puis, même, la surprise mise à part. J'avais, malgré tout, mes petites habitudes avec toi. Tout est chamboulé, et tu sais l'importance que j'accorde à ce que tout soit sous contrôle. Tout d'un coup plus rien ne l'est. C'est frustrant en même temps que c'est excitant. Ca fait du bien d'être avec lui à nouveau. Mais c'est super bizarre quand même.

Elle sourit et rouvirt le yeux pour regarder son visage. Il avait fermé les yeux, lui aussi. Son sourire s'élargit et elle secoua la tête doucement de droite et de gauche. Elle gardait une extrême tendresse pour lui.

Elle sourit.

- A voir les cernes sous tes yeux on ne dirait pas que tout va bien. Mais je ne m'en fiche pas. Je veux que tu sois heureux, comme je l'ai toujours voulu. C'est pour ça qu'aujourd'hui au lieu de te lancer mes sarcasmes dans la figure, je n'ai rien dit. mais tu comprends, je passe encore des nuits à pleurer en tête à tête avec un vieux film et ma bouteille de manzana à me demander ce que j'ai loupé. Donc, je ne veux pas vraiment savoir ce qu'elle réussit mieux que moi.

Elle le regarda alors avec ces yeux de petit ange et ce grand sourire si hypocrite qu'on voudrait l'arracher de son visage. Elle haussa les épaules.

- Désolée. Je voudrais bien discuter de tout avec toi. Mais malheureusement il y a certains sujet que l'on devra contourner quelques temps encore...

- En fait, je veux bien en parler. Mais j'ai pas non plus envie de la voir. Je veux dire, non, c'est pas ça, j'm'en tape de cette fille. Enfin non... Pas vraiment puisque bon... Mais je voudrais pas vous voir tous les deux. Rah, tu sais que j'suis égoïste. Mais merde! Nick! On a vécu sept ans ensemble! Ca ne fait qu'un mois! Un tout petit mois c'est rien du tout pour se remettre de CA!

Et voilà. Elle commençait à s'énerver, elle s'était rassise dans l'herbe et de grands gestes accompagnaient ses paroles en même temps que sa voix se serrait au fond de sa gorge.

- Tu te rends pas compte! Vous vous rendez pas compte, tous! Il faut plus de temps que ça pour changer de vie! Et plus encore pour l'accepter. M'enfin, c'est moi la méchante de toute façon. Je vais finir par le réintégrer ça aussi. je suis la méchante, tu es le héros qui ne sait plus où donner de la tête et elle, c'est la pauvre victime. Parce que le lecteur de cette histoire peut lire tout ce que je pense et Gosh! C'est pas joli, joli ce que pense la petite blonde!

Elle souffla de rage et s'octroya quelques secondes pour retrouver son calme.

- Je vais partir. Je rentre chez moi. C'est là-bas que je dois être et je n'ai rien à faire ici. Je n'ai jamais rien eu à faire ici. Chez moi, c'est Miami. Philadelphie ça ne me ressemble pas.

Elle ne pensait pas ce qu'elle disait. Philadelphie était à ses yeux une ville merveilleuse, le berceau de la culture de son pays. Miami et le reste de la Floride n'étaient qu'un nid d'immigrés clandestins parsemés de bidonville. Et les quartiers riches, où elle habitait, étaient simplement jonchés de bimbos toutes plus idiotes les une que les autres, fière d'arborer un bronzage parfait. Norah n'était pas de là bas. Elle était trop petite, avait la peau trop pâle et beaucoup trop de grands projets. Elle reviendrait à Philadelphie. Elle y reviendrait très vite. Ne serait-ce que pour les personnes qui avaient besoin d'elle. Sasha, Kaï, Sebastian, Maxence... Mais Nicholas ne devait pas le savoir.

- Je suis obligée de revenir. Je fais des études ici, il y a des gens que je ne peux pas quitter. Mais avoue que vous serez bien mieux sans moi. Je n'ai aidé personne, j'ai englué toutes les situations dans lesquelles je me suis retrouvée et ne mens pas: tu penses que Joseph et Joanna sont faits l'un pour l'autre, depuis toujours. Je me suis introduite dans leur vie avec tout mon bagage de fierté et d'égoïsme et, ça, c'était mauvais. J'ai fait souffrir Joseph, Joanna et même toi.

Elle se leva pour contourner Nicholas et récupérer sa guitare. Elle posa sa main droite sur sa tampe et la lança dans les airs comme un marin face à son capitaine.

- Bon voyage matelots! Norah Richardson quitte le navire.

Elle s'avança vers la sortie espérant qu'il la rattraperait, qu'il ferait quelque chose, même si elle savait pertinemment que ce n'étaient qu'espoirs vains.