Help me.... [with Norah Richardson]

Norah avait encore eu du mal à trouver le sommeil. Comme elle l'avait dit au parc à Nicholas, elle passait encore, parfois, des soirées à pleurer en tête à tête avec sa bouteille de manzana. Ce soir là, elle n'avait pas bu. Elle avait un peu pleuré et beaucoup regardé de vieux films. Au bout du troisième, elle s'était endormie sur son canapé.
Lorsqu'elle fut surprise par un tambourinement à sa porte, elle se réveilla en sursaut et tomba du canapé.

- Aïe!

Elle se releva avec difficulté et marcha jusque la porte en se massant les fesses. Elle vérifia par le Judas qu'elle connaissait bien la personne qui frappait -à une heure pareille, et de toute manière elle vérifiait toujours- elle préférait s'en assurer. Le visage de kaï apparut dans le minuscule hublot et elle eut un demi sourire. Elle ouvrit la porte et le regarda un moment. Il avait l'air encore plus démonté qu'elle.

- Putain... Allez, entre.

Norah, encore à moitié endormie, et les yeux gonflés de ses larmes passées. Elle ferma la porte à double tour et prit la main de kaï pour l'attirer jusqu'au salon où elle l'invita, d'un geste, à s'allonger sur le canapé. Lorsqu'il s'exécuta elle vint se blottir contre lui. Elle ferma les yeux et resta un moment ainsi, sans rien dire ni bouger. Elle éteignit la télévision pour stopper le bruit de fond parasite qui la dérangeait et revint contre Kaï.

- Et si on les tuait tous? Demanda-t-elle. Après tout, c'est un idée non? Ils sont tellements idiots. Il t'aime en plus ce débile. Bon, moi, je devrais me faire une raison, tu vois? Mais toi. Il a besoin de toi cet espèce d'abruti. Il imagine pas comment j'vais lui botter ses petites fesses de germanique!

Norah soupira de découragement. Elle en avait assez de se battre. Se battre pour elle, se battre pour eux, se battre pour relever Maxence... Elle n'en pouvait plus d'être une femme forte.
Elle laissa les larmes couler doucement, elle aussi, sanglottant contre le torse fin de Kaï.

- Mais pourquoi il te fait ça?! J'en ai marre putain, j'en ai marre! J'vais lui filer un tampon et des antadys et il va arrêter de nous faire chier bordel! C'est quoi son problème là?! Il réalise pas qu'il fait chier tout le monde avec ses sautes d'humeur?! Qu'il vienne pas se plaindre, il va s'en prendre plein la gueule! J'irais le voir demain, il va voir un peu. Rah ça va finir par me foutre en l'air!

Elle ne savait plus arrêter ses sanglots de secouer son corps dans de violents soubressauts.

Norah souffla avec rage et leva les yeux au ciel. Elle était hors d'elle, dans une fureur incroyable. Toute la colère contre Nick qu'elle avait refoulée et celle que générait la réaction de Sebastian se mêlaient pour créer un cocktail explosif. Une injustice de plus serait une injustice de trop et si elle n'avait pas pu sauver son couple, elle ferait au moins tout son possible pour aider Kaï.

- Oh non. Ce serait beaucoup trop facile pour lui. Il va voir un peu de quel bois je me chauffe.

Elle ravala ses larmes avec fierté.

- N'importe quoi ici. Mais quel idiot.

- Tout ce que je peux te dire, Kaï, c'est qu'avec moi son petit numéro il fonctionne pas et que ça, il le sait très bien. Alors voilà. Je vais juste jouer carte sur table avec lui et lui demander de m'expliquer ce qu'il s'est passé. Et après je lui demanderais s'il est fière de lui. Comme les gosses quand ils font des conneries. Que t'essayes de leur faire dire eux-mêmes "c'est vrai j'aurais pas dû faire ça". Et quand il aura avoué qu'il s'est comporté comme un gros con j'vais lui dire de t'appeler. Devant moi, sinon il le fera pas.

Elle posa la main droite sur son coeur et leva la main gauche.

- je jure que je ne lèverais pas la main sur lui!

Elle fit semblant de rire. Il fallait bien remettre un peu de joie dans la salle. Même si c'était de la fausse joie.

- Tu sais, des fois je me dit qu'y a pas 36 solutions. Je vais faire quelque chose. Peut-être déménager ou partir en voyage. Faut que je les abandonne tous. Que je donne plus de nouvelles un moment et que je sois quelque part où personne ne viendra me chercher. Le temps que tout se remettre de leur côté. Histoire que plus personne ne se soucie de la petite poupée blonde pendant un temps. Et que moi aussi je trouve mon équilibre. Que je me reconstruise loin d'eux. Au moins ils seront tranquilles sans moi. Je me dit que je bloque toute leur situation. Sans moi, nick serait tout tranquille, et Joanna serait avec Joe...

Les sanglots revinrent à cette idée.

- J'suis trop bête. J'ai cru comme une idiote que ça pouvait repartir entre lui et moi. Je crois qu'il m'aimait pas si fort qu'il le disait... J'suis désolée de t'embêter avec ça Kaï, t'as déjà assez de soucis comme ça... Mais j'ai vraiment personne à qui parler. Ils sont tous dans le même bain et je suis pas de la bande... Je l'ai jamais été. J'me suis incrustée entre Joseph et Joanna et puis, comme si ça suffisait pas, j'ai embrouillé petit Nick... J'étais juste amoureuse, moi... J'ai volé leur bonheur alors que j'y avais pas droit...

Elle se projeta dans les bras de Kaï pleurant à chaudes larmes, agitée par de gros sanglots.

- A Sasha et Joy aussi, sûrement. Je pense que je vais retourner chez mon père et vendre l'appartement. je chercherais depuis Miami un nouvel appartement ici. Pour tout reconstruire différemment. Je n'ai pas envie de partir trop longtemps non plus. mais c'est nécessaire. j'ai physiquement besoin d'eux et psychologiquement aussi. C'est comme si j'avais besoin d'une cure de désintoxication. Sauf que là c'est plus facile, parce que c'est ma drogue qui me rejette.

Elle renifla bruyament sans bouger. Elle était si bien dans les bras de Kaï. Elle cromprit alors que depuis des années rien de ce qu'elle avait vécu n'était réel. Tout était cousu, inventé dans son esprit et ceux des autres. Ils avaient tous vécu dans une énorme mascarade qui prenait fin dans un bain de larmes. C'était dur. Mais c'était vital.

Elle secoua lentement la tête de droite et de gauche. En retrouvant un semblant de sourire.

- J'admire ta volonté à rester positif. Mais la seule personne qui sera affectée par mon départ c'est sans doute Kevin. Et j'ai, pourtant, pas la moindre envie qu'il se fasse du souci. Enfin, je dis ça... Peut-être que ça ne lui fera rien non plus... Mais il est tellement gentil... Et il ne fait pas d'histoires, lui. J'ai l'impression de l'abandonner. Occupons-nous plutôt de ton cas, le mien est une cause perdue.

Elle haussa les épaules et se leva pour mettre un CD. Elle tourna le volume à fond sur Never des Moving Pictures et entraina Kaï à danser avec elle.

- Cette chanson me donne du courage, c'est pour ça que je l'ai mise. Oh et... Moi non plus je ne sais pas danser.

Elle lui sourit et disparut dans la salle de bain. De là-bas elle lui cria un "j'arrive, ne t'inquiète pas" et elle finit par réaparaître quelques minutes plus tard avec un verre d'eau et une boite d'anti douleurs.

- Doliprane, mon ami! Y a que ça de vrai! Je t'avouerais que je suis proche de la dépendance. Y a toujours des anti douleurs chez moi.

Elle etourna ranger le verre dans la cuisine et les cachets dans la salle de bain. Elle en revint avec un paquet de lingettes.

- Tiens, c'est du démaquillant peau sensible. Sourit-elle. Bah, attend, je vais m'en occuper, t'en as partout.

Elle essuya doucement le visage de son ami. Ses larmes avaient tracées de longues striées noires sur ses joues et frotter ses yeux avait plus encore étalé les dégats.

- Ce que je vais dire là est plus qu'idiot, parce que je ne suis pas mieux, mais tu ne devrais pas pleurer comme ça.

- Nah nah nah nah nah! Alors ça, je veux pas l'entendre. On guéri pas de l'amour. Quand on a aimé, on aime pour toujours. Crois-en tatie Norah, elle sait peu de choses, mais ça, elle en fait chaque jour l'expérience.

Elle finit de démaquiller Kaï et partit jeter la lingette dans la cusine, elle passa dans la salle de bains chercher un gant de toilette trempé d'eau fraiche et en rinça le visage du jeune manequin. Elle le sécha d'un revers de manche et embrassa doucement sa joue, se hissant sur la pointe des pieds.

- Et voilà.

Elle sourit et serra à son tour, de ses petits bras, la taille fine du jeune homme.

- Waow... Ca fait un bail que j'ai l'impression de vivre en sursis. Comme si j'étais jamais à ma place. Même quand je me sentais plutôt bien, j'avais... Comme un arrière goût amer qui me rappelait que j'étais pas dans mon droit le plus stricte. C'est génial de passer du temps avec toi, j'ai l'impression que c'est enfin quelque chose que j'ai raison de faire.