La Première La Plus Insupportable... {POV Joe}

Il était 23h30 au Kimmel Center For The Performing Arts. La soirée avait été longue et magique. Les élèves de dernière année du cours d'Art Dramatique avaient représentés leur projet annuel. Norah et son ami Sasha avaient brûlés les planches avec leur version de l'oeuvre complète de Shakespeare. Ils avaient tirés une scène de chacune de ses pièces et mélangé le tout pour former une nouvelle histoire qu'ils n'avaient jouée qu'à deux. Le travail avait été harrassant, mais le résultat était plus que convaincant. Norah était fière d'elle et de Sasha aussi. Mais cette représentation, en plus d'être la première, était la plus difficile pour la jeune blonde. Lorsque le chagrin vous écrase, parfois, même votre plus grande passion vous en devient douloureuse. Et Norah avait souffert à jouer l'amour pendant plus de deux heures.
La salle s'était vidée, les loges aussi. Les spectateurs ébahis avaient déserté plus d'une heure plus tôt et les comédiens s'étaient dépêchés de partir prendre un pot dans un bar branché du coin, pour fêter le succès de cette soirée de représentations, la première d'une série de quatre. Norah avait préféré rester, prétextant un besoin de ranger ses costumes correctement. Elle était fatiguée de paraître. Un peu inconsciemment, elle s'était allongée sur la scène, sentant le bois sous son dos. Souvent, ils avaient fait des exercices de concentration qui demandaient aux élèves de s'étendre sur les planches de bois de cette vieille scène. Norah y trouvait une sorte de refuge, elle avait passé ici des années merveilleuses. Des moments de confiance en elle-même, durant lesquels elle s'était sentie invincible. Et, aujourd'hui, elle aurait bien eu besoin que le sol lui renvoie l'énergie qu'elle y avait laissée par le passé.
Dans son baladeur tournaient des chansons toutes plus difficiles les unes que les autres. De Vivre Ou Survivre de Balavoine, à Come Home de One Republic en passant par Before The Worst de The Script. Elle freudonnait à mi voix les paroles qui la transperçaient, les yeux clos. L'odeur était particulière. Un mélange du bois de la scène, de la peinture des décors et des effluves de tous les sepctateurs mélangés, qui s'entassaient par centaines dans les gradins du Kimmel depuis des années. Pour certains, l'odeur était oppressante. Mais Norah avait toujours trouvé cela appaisant. C'était l'odeur de son plus grand rêve.

Elle pensait à Joseph. Toute la soirée, elle avait sondé le public, espérant y trouver les deux petites étoiles de ses yeux, mais rien ne s'était présenté à elle. Il n'était pas venu, alors? Pourtant il le lui avait promis. Même si la vie avait refusée de les épargner ces derniers temps, elle avait espéré qu'il mette de côté ses rancoeurs. Elle ne se sentait pas en faute vis à vis de lui et espérait juste que lui, ne la sente pas fautive. mais s'il n'était pas venu, c'était donc qu'il y avait bien quelque chose. Qu'avait-elle encore pu faire pour le blesser? Elle pensa alors que toute sa vie elle n'avait fait que du mal à Joseph. Que même lorsqu'elle se saignait pour le laisser être heureux, elle agissait mal et le mettait en colère.
Elle se recroquevilla sur elle-même et ses larmes vinrent mouiller le bois usé de la scène. Pleurer... Elle avait tellement versé d'eau salé que ça ne la soulageait même plus. La grimace qui tordait ses lèvres, lorsque les sanglots la secouaient était presque devenue habituelle. Elle se figura que cet inutile désespoir finirait par la défigurer et qu'en plus de l'amour elle perdrait bientôt sa beauté. Les sanglots redoublèrent et elle gémissait bientôt de douleur dans le théâtre du Kimmel. Elle se sentait ridicule, mais elle était incapable de s'arrêter.

Les répliques d'un vieux film qu'elle adorait lui revinrent au milieu de ses larmes et elle rejoua, seule, la scène. Elle se leva et courrut à travers la scène pour s'genouiller côté Jardin.

- "Vous vous aimez tant tous les deux, que vous devez connaître le bonheur. Il n'y a pas un couple en ce siècle qui a cette chance. Quoi qu'en disent les romans! Comme je sais qu'il n'y a personne en ce siècle qui a souffert autant que toi tu vas souffrir!" Là, il se lève et il actionne la machine. 50 ans, le maximum. Rugen et l'albinos sont horrifiés "NON PAS CINQUANTE!" Westley hurle de douleur.

Elle s'allongea au sol et poussa un cri transcendant de douleur, de rage et de désespoir. Les larmes revenaient, elle se releva pour continuer le scène. elle courut à Cour.

- On l'entend dans tout Florin. Même Inigo. "Fezziq! Fezziq! Ecoute. Tu entends? C'est le son de l'ultime souffrance. Mon coeur a fait ce son quand Rugen a tué mon père. C'est l'homme en noir qui a poussé ce cri." "L'homme en noir?" Fezziq ne comprend pas. "Son grand amour en épouse un autre ce soir, qui d'autre pourrait ressentir l'ultime souffrence?"

Elle s'allongea de nouveau au sol, à bout de souffle. Elle était décidément liée à ce vieux classique... Un mince sourire se dessina sur son visage.

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En se levant ce matin là, Joe s'était dirigé comme souvent vers le calendrier, et la date du jour lui avait arraché un long soupir. Le soir Norah jouait la première de son spectacle au Kimmel Center For The Performing Arts, et bien qu'il eût promis, quelques temps auparavant, de ne manquer ça pour rien au monde il ne savait si, le soir venu, il serait capable de tenir cette promesse qui lui tenait pourtant à coeur. Après avoir ruminé ça pendant plus de quatres heures, se demandant s'il serait capable de supporter la douleur que voir la blonde lui infligerait, il avait fini par décider de prendre sur lui. Après tout Joe avait toujours mit un point d'honneur à essayer au maximum de respecter ses promesses, alors celle-là ne devait pas déroger à la règle. Voulant être particulièrement classe pour l'occasion, il avait passé l'après-midi à arpenter les rues, allant de boutique en boutique, à la recherche du vêtement qui ferait que son look serait au top. Après plusieurs heures de recherche il rentra enfin chez lui avec un jean's simple et une chemise grise qu'il enfila après une douche rapide. Les chaussures vernies que lui avait donné Kevin quelques mois plus tôt et la veste de son costume préféré vinrent compléter la tenue, et il prit le chemin du Kimmel.

Arrivé là-bas, il sentit son coeur commencer à s'accélérer. Un jeune homme posté dans l'entrée lui indiqua un siège et il alla s'y asseoir nerveusement. Cet état de nervosité persista d'ailleurs un long moment, se retrouvant mélangé à de l'impatience et à de la peur. Tout ça s'effaça cependant bien vite quand la jeune blonde et son ami, qui devait être Sasha si les déductions et les souvenirs de Joe étaient bons, entrèrent sur scène. Sa main qui tapottait sa cuisse depuis le début s'arrêta net et il la fixa intensemment, incapable de la quitter des yeux. Il était émerveillé par son talent, sa façon de jouer qu'il trouvait bien plus qu'excellente. Elle surpassait de loin pas mal d'artistes reconnues qu'il avait eu la chance de rencontrer depuis le début de sa carrière. Quand tout les deux quittèrent la scène, le spectacle touchait bientôt à sa fin. Joe attendit patiemment que tout les acteurs aient quitté les planches pour sortir de la salle. Norah ne l'avait visiblement pas vu au travers de la foule, et quelque part c'était tant mieux. Il savait que si elle l'avait apperçut cela aurait influencé son jeu, et c'était exactement ce qu'il ne voulait pas. Partir comme ça, tel un voleur ne lui convenait pas non plus, à vrai dire, mais il ne savait pas s'il serait capable de l'avoir en face de lui après tout ce qui s'était passé entre eux ces dernières semaines. Il s'assit sur un banc qui trônait non loin de la porte d'entrée et ferma les yeux, respirant à plein poumons l'air frais qui reignait dehors ce soir là. Les battements de son coeur ne semblaient pas vouloir ralentir, à tel point que Joe se sentait proche de l'implosion. Après plusieurs longues minutes le besoin de se détendre se fit sentir, et quoi de plus normal pour un musicien de penser à écouter de la musique dans ces moments-là?! Il plongea sa main dans sa poche et ouvrit de grands yeux en se rendant compte que son iPod avait disparut. Il réfléchit à toute vitesse et se souvint qu'il l'avait sortit pendant le spectacle car l'appareil le gênait dans la position dans laquelle il s'était mise. Il soupira et décida de retourner à l'interieur. Avec un peu de chance il le retrouverait ..

En retrant dans la salle, il ne remarqua la présence de personne. Il fonça simplement vers le siège ou il avait prit place pendant les heures précédentes et récupéra avec soulagement son précieux bien qui trônait par terre. En se redressant il ne put s'empêcher de se tourner vers la scène qui ne cessait de lui rappeller que lui aussi, un temps, il avait rêvé de jouer la comédie. Il avait même prit quelques cours de théâtre dans le dos des autres, mais finalement la musique l'avait ratrappé, et la brillante carrière de lui et ses frères avait commencée. Il lui fallut plusieurs minutes avant qu'il ne remarque une petite silhouette allongée au sol, et malgrès le fait qu'il se trouvait au fond de la salle il n'eût pas besoin de se creuser pour reconnaitre à qui elle appartenait. Immédiatement son coeur se ressera, et il décida de prendre son courage à deux mains et d'aller la voir. Après tout il avait déjà fuit une fois, juste après le spectacle, alors s'ils se retrouvaient tout les deux à nouveau ici, ce n'était peut-être pas pour rien .. Il s'approcha doucement, presque silencieusement, et se planta au bord de la scène. Il la contempla un instant, puis osa finalement prendre la parole.

Félicitations, Norah. J'ignorais que tu jouais si bien.

La jeune blonde était presque en train de s’endormir lorsqu’une voix douce et apaisante retentit derrière elle. Elle reconnut immédiatement le timbre magnifique de Joseph et sursauta violemment. Elle se redressa plus vite que jamais et le regarda une seconde, effarée. Alors, il était venu ? Il avait finalement assisté à la représentation, caché dans la pénombre des gradins. Il était vrai que depuis la scène on ne voyait pratiquement pas le public, mais elle s’était figuré que Joseph, son Joseph, elle le reconnaîtrait forcément.
Puis elle pensa qu’elle venait de pleurer et que son visage devait encore en être boursoufflé et rougeâtre. Elle qui avait réunit tout son courage pour ne pas apparaître sous ce jour aux yeux de Joseph… Ses efforts s’étaient avérés vains. Elle se retourna immédiatement pour ne plus lui faire face.

- Ne me regarde pas. Je ne dois vraiment pas être belle à cet instant précis…

Elle ramena ses genoux sur sa poitrine et posa automatiquement sa tête sur ses bras. Elle espérait qu’il n’ait pas entendu ses divagations cinématographiques, mais pensa immédiatement que si ça avait été le cas, il aurait agi différemment.

- Merci d’être venu quand même. C’était important pour moi. J’espère que ça t’a plu.

Elle se sentait minuscule, plus petite encore qu’à l’accoutumée et ridicule. Absolument insignifiante et bête. Elle tremblait, la gorge nouée. Les battements de son cœur s’étaient affolés dés lorsqu’elle avait entendu sa voix et elle ne parvenait pas à les calmer. Ca avait toujours été le cas, mais à présent, ça la dérangeait. Elle ne devait plus avoir ce genre de réactions. Plus jamais. Il fallait absolument qu’elle parvienne à faire de Joseph un simple ami. Même si c’était difficile, son cœur, son esprit et son corps devaient se résigner. C’était aussi pour cette raison qu’elle avait décidé de s’éloigner. Elle se savait incapable de faire ce travail sur elle-même en vivant si proche de lui.

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Il soupira en la voyant se retourner, mais ne fit rien pour être face à elle à nouveau. A vrai dire ça l'arrangeait de ne plus voir son visage, c'était moins dur comme ça. Il se retourna lui aussi, s'adossant à la scène, posant un regard on ne peut plus vide sur les sièges. Il laissa passer quelques secondes durant lesquelles il se repassa certains passages de la pièce qu'elle avait jouée quelques temps auparavant avant de répondre sur on ton calme qui contrastait parfaitement avec l'état dans lequel était son coeur qui s'affollait toujours.

Oui, j'ai beaucoup aimé.

Il n'en dit pas plus. De toute façon, il ne savait pas quoi ajouter. Tout ce qui lui venait en tête était des mots de colère, et il n'avait pas envie de gâcher cette soirée qui avait déjà dû être difficile, si on en croyait les yeux rougis de la blonde. Il resta simplement là, à une certaine distance d'elle qui lui convenait parfaitement. Il ne voulait surtout pas être plus proche d'elle. Son parfum l'aurait encore ennivré, et il ne voulait pas, il ne voulait plus. Il ne devait plus.

Elle soupira, ses yeux se remplissant à nouveau. Elle voulait encore entendre sa voix, poser sa joue contre son torse et qu'il la serre contre lui. Elle voulait être entourée de cette odeur familière qui émanait de lui et la réchauffait à l'intérieur. Etait-ce vraiment interdit? Oui, ça l'était. Elle chassa les larmes et avala sa salive à plusieurs reprises pour faire passer cette boule affreuse au fond de sa gorge. Lorsqu'elle finit par y parvenir, elle respira aussi calmement qu'elle le pouvait pendant un certain moment.

- Je te demande pardon. J'aurais dû être plus forte. J'aurais dû me battre pour toi. Faire encore quelques efforts. Mais, est-ce qu'on y serait parvenus? Je suis fatiguée de toutes ces complications. L'autre soir, chez toi, j'ai vraiment cru que c'était possible. Que toi et moi on s'aimait toujours autant et qu'on pouvait se retrouver. J'ai dansé pendant des heures dans ma chambre avec un sourire on ne peut plus niais, comme une gamine de 16 ans. Mais je sortais déjà d'une rupture qui n'avait pas été des plus faciles pour moi. J'étais déjà fragilisée. Quand j'ai appris pour Joanna et toi... J'étais tellement furieuse, désespérée et fatiguée que j'ai tout lâché. Je n'aurais pas dû prendre cette décision sur un coup de tête. c'était trop grave et trop de gens étaient impliqués. Mais tu es libéré maintenant. Tu ne me feras pas croire que tu n'as pas déjà retrouvé Joanna depuis que je t'ai annoncé mon départ. Et d'un certain côté c'est tant mieux. je ne pars pas pour que vous soyez malheureux, au contraire. J'ai la conviction que mes histoires sont trop lourdes à porter pour vous. Elles sont déjà bien lourdes pour moi. Mais pardonne-moi, s'il te plaît, je ne veux pas t'abandonner, je reviendrais très vite. Je te le jure.

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Joe écoutait Norah attentivement, sans parler pour ne pas la couper. Quand elle eût terminé, un soupir s'échappa à nouveau de ses lèvres. Pour ce qui était de ses retrouvailles avec Joanna elle n'avait pas tord, ils n'avaient pas attendu bien longtemps pour retomber dans les bras l'un de l'autre, mais il ne regrettait pas, et ne s'en voulait pas non plus. Après tout c'était elle qui avait décidé de partir, et tout le monde connaissait très bien les sentiments puissants qui les unissaient, lui et sa manageuse. Il garda le silence quelques secondes, puis se décida enfin à parler malgrès le noeud qui avait élu domicile dans sa gorge et qui lui donnait l'impression d'étouffer.

Moi aussi, j'ai cru qu'on pourrait se retrouver. Et je suis convaincu qu'on y serait parvenus, si tu n'avais pas décidé de t'en aller. Enfin, je ne dis pas que c'est de ta faute si ça n'a pas marché entre nous cette fois-ci, au contraire. Je sais qu'on aurait pas du s'embrasser avec Joanna, quand je suis allé la voir au Label, mais tu connais les sentiments que l'on éprouve elle et moi, et même si j'étais en tord j'espérai que tu comprendrais ce dérapage. Mais maintenant que tu as pris ta décision de toute façon il est trop tard. Tout ce que je ferais ou dirais ne servira pas à te retenir, et puis tu as raison. Joanna et moi sommes de nouveau ensemble. D'ailleurs, je crois que c'est ce qui m'aide à tenir le coup, autrement je me serais déjà écroulé depuis longtemps. Quand tu es partie du loft l'autre jour, j'ai pas su tenir notre promesse, je me suis écroulé. Je suis resté assis derrière la porte à pleurer toutes les larmes de mon corps pendant des heures, et j'ai passé des jours à me morfondre dans ma chambre, au fond de mon lit. Elle a essuyer les larmes que tu as fais couler, et pour ça je ne la remercierais jamais assez. Je l'aime. Et le seul problème c'est que je t'aime aussi, et que je ne suis pas sur d'arriver à te chasser de mon coeur définitivement un jour. A vrai dire, je ne suis même pas sur de vouloir te rayer de ma vie, mais je ne sais pas non plus si je veux que tu revienne. Je ne sais plus ce que je veux.

Norah était fatiguée, lassée et folle de rage. Qui l'avait aidée? Qui avait séché les larmes qu'il avait fait couler? Est-ce que quelqu'un, à un moment, s'était dit "wow... et Norah au fait ?" Elle voulait se retourner, sauter sur lui en hurlant qu'il fallait y penser avant. à cet instant précis, elle le haïssait. Elle les haïssait tous. Elle se leva et marcha vers le fond de la scène. Ses talons marquaient un rythme lent sur les planches en bois de la scène. Elle en fit tout le tour avant de descendre dans les gradins. Tranquillement, et surtout sans se retourner vers Joseph, elle monta toutes les marches jusqu'à être au dernier rang. Elle s'assit sur le siège du milieu et regarda Joseph un instant. Il semùblait tout petit de si loin.

- Joe! fut-elle obligée de crier, presque, pour qu'il entende. Regarde autour de toi. C'est ici, chez moi. Pourquoi je passe tant de temps ici, à ton avis? Parce que la réalité c'est pourri. Ma réalité est pourri. Ici on a des amis partout. Ils changent tous les soirs. Roméo est un peu niais, mais il est tellement gentil et si fidèle qu'on lui pardonne à chaque fois. Harpagon ne pense qu'à son argent mais tant qu'il ne nous dérange pas on l'aime bien. Et puis, il est drôle. Mary Stuart a peut-être tué son mari, elle n'en est pas pourtant une méchante femme. Hamlet est peut-être devenu complètement fou, mais on le comprend. et ses délires font rire tout le monde ici. Tu vas dire, encore, que je ne pense qu'à moi, mais j'ai une question pour toi. Qui a séché mes larmes? non, parce que, bon, toi c'était Joanna, ok. Mais on était deux non?

Elle descendit des gradins en courant et bifurqua vers la sortie. A côté de la porte se trouvait une petite table sur laquelle étaient posés le programme du Kimmel pour la saison et les livrets d'informations pour chaque pièce.Elle attrapa celui de Dommage Qu'elle Soit Une Putain et revint vers Joseph. Ellt lui colla le livret dans les bras avec rage.

- C'est Giovanni qui m'a aidée. Oh attend... Giovanni n'existe pas...

Elle plongea alors dans les yeux de Joseph un regard empli de toute sa colère.

- Autant dire personne alors.

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Joe suivait Norah des yeux sans rien dire, d'un air un peu blasé. Il avait l'impression que de doute façon cette conversation ne les mènerait nulle part, et à vrai dire c'était précisémment pour ne pas s'egueuler avec elle qu'il l'avait évitée après le spectacle. M'enfin, maintenant qu'ils étaient là tout les deux partir en la laissant là nétait pas tellement envisageable .. Il posa le livret qu'elle lui avait refilé sur le bord de la scène à laquelle il était toujours adossé et soupira, une fois de plus.

Si t'avais pas dis à tout le monde que tu partais peut-être que quelqu'un serait venu te remonter le moral. Mais non, mademoiselle est juste venue nous dire aurevoir à Nick et moi, et a lâchement envoyé une lettre à Kevin et Mary pour leur annoncer son départ alors qu'en réalité elle est encore là. Tu verrais dans quel état ils sont! J'ai jamais vu mon grand-frère aussi triste. Tu dis que tu pars pour qu'on soit heureux, mais tu te rends même pas compte que c'est tout le contraire qui est en train de se produire. Tout le monde est triste, malheureux, parce qu'ils te croient tous loin d'ici, alors s'il te plait ne viens pas te plaindre d'être seule, tu l'a bien cherché il me semble.

Elle s'assit dans le siège juste en face de lui pendant qu'il parlait. Elle ne le lâchait pas des yeux. Puis elle prit la parole, d'une voix douce et plus posée.

- En fait, j'étais partie. Quelques jours, peu de temps. J'ai commencé à ramener mes valises à mon père. Je suis revenue cette semaine parce que je ne pouvais pas abandonner Sasha. Il avait besoin de moi pour les représentations. Et il fallait que j'aide Sebastian aussi. Et puis je repars. Je n'ai pas encore trouvé de nouvel appartement ici. Mais je resterais sans doute pas longtemps à Miami. Ca me fatigue de faire semblant pour papa. Je suis désolée de redevenir aussi brutalement égoïste. Ca doit vous faire bizarre après sept ans de bons et loyaux services à Frisette. Et si tu te sens pas le courage de me pardonner, je comprend. On a tous besoin de quelqu'un à qui attribuer nos malheurs. Mais j'ai pas envie de me battre contre toi. Si j'arrive plus à trouver la force de me battre pour toi, je saurais pas trouver la force pour quoi que ce soit d'autre.

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Joe ne la regardait pas pendant qu'elle parlait. Voir son visage lui faisait encore plus mal, alors il m'était un point d'honneur à laisser son regard vagabonder au loin, dans le vide.

C'est pas parce que je te pardonne pas que je t'attribue tout mes malheurs. Je te repproche juste ceux dont tu es la cause. Me battre contre toi ne me dit pas non plus, j'en ai assez de me battre. La seule chose qui vallait la peine d'une bataille c'était nous, mais il n'y a plus de nous à présent, alors .. Maintenant je prend la vie comme elle vient. Quand tu sera de retour, je veux dire pour de vrai, ne t'en prend pas à Joanna s'il te plait. Elle n'y est pour rien dans tout ça. C'est déjà pas le grand amour entre vous, alors .. J'aimerai juste pas que ce soit pire.

Norah baissa les yeux et sourit. Elle n'en voulait pas à Joanna. Joanna était loin d'être la personne qui la dérangeait le plus à cet instant. Elle se demanda une seconde si Joseph avait bien saisi le sens de son départ. Puis elle se figura qu'il ne pouvait peut-être pas s'imaginer. Ou tout simplement qu'il trouvait ça trop bizarre pour être vrai.

- Je sais que je ne suis pas toujours claire, mais j'essaie d'être cohérente. Je pars pour vous laisser être à deux. Alors, je ne vais pas lui en vouloir d'avoir envie d'être avec toi, je sais ce que c'est. J'aurais juste voulu que tout soit clairement dit. Mais je n'ai rien contre Joanna. C'est pas de sa faute si j'ai jamais vraiment su comment m'y prendre avec toi. Mais au final... C'est ni à cause de toi, ni à cause de Joanna que je pars. Alors n'ai peur de rien. Je ne lui cracherais plus jamais au visage.

Elle leva la main gauche et posa la droite sur son coeur.

- Je le jure sur mon coeur de pierre. Parole de scout!

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Habituellement, la dernière phrase de Norah était le genre de phrase qui le faisait au moins sourire. Mais à cet instant précis il n'en avait pas envie. Son coeur était bien trop lourd pour ça, il en était même à se demander s'il arriverait à retrouver le sourire un jour.

Si tout n'a pas clairement été dit, c'est parce qu'avec Joanna on avait pas du tout l'intention de se remettre ensemble avant que tu n'annonce ton départ. J'avais simplement envie de la voir ce jour-là, alors je suis allé au Label, mais rien de ce qui s'y est passé n'était prémédité. Bien sur je sentais bien qu'elle n'avait pas disparut de ma tête, qu'une partie de mon coeur lui appartenait encore, et je me doutais que c'était réciproque, mais je trouve ça normal. On était séparés depuis tout juste un mois, on ne pouvait pas tout oublier en si peu de temps. Pas après huit années passées ensemble. Mais je t'assure que je pensais pas que ça finirait comme ça. Si j'avais su je pense que je n'y serai même pas allé, parce qu'à ce moment là la seule que je voulais, c'était toi. J'étais persuadé que Joanna et moi redeviendrions amis. Mais on a pas totalement contrôlé la situation, et il s'est passé ce qu'il s'est passé ..

Il fit une pause de quelques secondes, remettant en ordre dans sa tête tout les évènements de ces dernières semaines. Sa vie avait subit pas mal de changement, qui finalement n'avaient pas servit à grand chose si ce n'était avoir fait souffrir tout le monde. Il finit par relever la tête vers elle pour continuer.

Et même si Joanna et moi n'avons pas mis longtemps à nous retrouver, il m'arrive parfois de regretter qu'entre nous ça ai si vite dérapé. J'avais tellement envie de nous donner une seconde chance! M'enfin, j'imagine que ça ne restera qu'une vieille envie enfouie au fond de moi-même .. Est-ce que tu as fixé une date pour ton départ ?

- Je pars juste après les représentations, à la fin de la semaine. Je veux m'enfuir aussi jvite que posible, malgré mon grand principe de pseudo-loyauté débile.

Elle s'assit en travers du siège sur lequel elle avait pris place quelques minutes plus tôt et sourit. Petit à petit, elle sentait son coeur s'adoucir. L'air de rien, la haine n'était pas son naturel.

- Une fois de plus, je te demande pardon de n'avoir pas été plus forte. Mais il y a eu un tel concours de circonstance que j'ai littéralement implosé. Il faut que j'arrive à me recentrer et pour ça je n'ai plus la moindre envie de revoir ne serait-ce qu'un seul d'entre vous. Vous tous. Je suis trop en colère, trop triste. Je ne sais pas de quoi sera fait l'avenir mais j'ai compris maintenant qie je ne pourrais pas vivre toute ma vie dans votre cercle. C'est tout.

Elle baissa les yeux sur sa montre et sursauta.

- Il va falloir que j'y aille, j'ai promis de fermer le théâtre avant une heure et c'est déjà raté. Tu veux passer manger un bout à l'appart' ou bien tu préfères rentrer chez toi? Je voudrais pas qu'on se quitte fâchés.

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Il l'écouta attentivement et baissa les yeux à son tour. Il ne pouvait que la comprendre, pour ce qui était de ne plus avoir envie de le voir. Ils avaient trop souffert ensemble, lui même ne savait pas exactement pourquoi il s'était déplacé jusqu'ici ce soir. La revoir lui avait fait bien plus de mal que de bien. Cependant il avait du mal à comprendre pourquoi elle ne voulait pas revoir les autres. Eux n'avaient rien à voir dans tout ça. Enfin, il ne releva pas. Après tout c'était sa vie, ses relations avec les autres qui étaient en jeux, alors c'était à elle de voir. Il hésita une seconde face à sa proposition avant de relever les yeux vers elle et de se décoller de la scène.

Non, ça ira. Je ne voudrai pas abuser de ton temps, et puis j'estime t'en avoir fait assez perdre comme ça. J'espère que les autres représentations se passeront aussi bien que celle de ce soir, tu as été vraiment excellente. Je m'en vais, mais sache que quoi qu'il arrive, je serais toujours là pour toi. On ne se sépare pas fâchés, juste ... en moins bons termes qu'on l'a été autrefois. A bientôt Norah.

Il eût envie de la serrer une dernière fois dans ses bras, mais il se retint, sachant pertinnement que ça aussi lui aurait fait plus de mal que de bien. Il lui accorda juste un dernier regard avant de s'avancer doucement vers la porte de sortie.

Elle se releva d'un bond du siège et le regarda partir une seconde. Combien de satanées fois regarderait-elle Joseph partir comme ça? Chaque fois qu'il s'éloignait de cette manière, elle avait l'impression de glisser doucement dans un gouffre interminable et ça recommençait toujours. Cette chute sans fin où elle en arrivait presque à attendre avec impatience l'instant où son corps s'écraserait, sans vie, sur le sol.

- Joe! Attend!

Elle courut vers lui et déposa doucement ses lèvres sur la joue du jeune homme. Elle n'aurait peut-être pas dû faire ça, mais l'envie était trop forte pour la repousser, alors, elle avait cédé à la tentation. Elle baissa les yeux, un mince sourire sur le visage.

- A bientôt.

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En entendant Norah l'appeler, Joe s'était stoppé, puis retourné. La voyant courir vers lui, il attendit qu'elle arrive à sa hauteur et cru mourir en sentant les lèvres de la jeune femme se poser sur sa joue. Depuis leur rupture il n'avait même pas osé penser que cela pourrait se reproduire un jour, et il sentait les battements de son coeur s'accélérer. En faisant ça la blonde n'avait fait que creuser plus profondemment le trou béant qu'il ressentait dans son coeur, et pourtant il ne l'avait pas repoussée. Quelque part, ce baiser lui avait fait autant de bien que de mal. Après quelques secondes sans rien dire, et sans même la regarder il releva les yeux vers elle et s'approcha pour embrasser son front d'un air protecteur.

A bientôt, Norah.

Il la détailla encore quelques secondes, puis sortit de la salle pour de bon. C'était trop dur pour lui, de rester à ses côtés. Ca lui faisait bien trop mal que de voir son visage, de sentir son odeur, ou même d'entendre sa voix. A présent il était avec Joanna, et à cet instant précis c'était à ses côtés qu'il avait besoin d'être. Il prit la direction de son appartement, en espérant qu'elle s'y trouverait. Il avait besoin de parler, et il savait qu'elle l'écouterait sans le juger, et surtout sans lui en vouloir d'avoir encore tant de sentiments pour son ex. Son ex .. En pensant à Norah de cette façon il sentit à nouveau son coeur se serrer.

» Première nuit en amoureux.