Oui c'est beau, mais pas autant que toi ... { Norah.

La journée avait été longue pour Norah. Dès qu'elle avait commencé à peindre son sallon, elle avait réalisé que le therme "monocouche" inscrit sur les pots qu'elle avait achetés n'était pas tout à fait aproprié. En téléphonant au magasin, elle avait appris qu'en effet, pour obtenir un bon résultat avec une peinture "monocouche" il fallait en appliquer trois couches. Après une petite crise de colère durant laquelle elle avait hurlé tous ses malheurs aux quatres pots de peintures qui gisaient au milieu de son futur salon, elle était partie racheter d'autres pots pour s'assurer d'en avoir assez pour poser trois couches et elle s'était mise au travail. En une matiné elle avait déjà peint deux murs. A la fin de journée, elle avait posé deux couches dans toute la pièce et trouvé une résine pour sa cuisine. Elle était fière d'elle mais exténuée. Elle se souvint que Maxence lui avait pris ses somnifères et se félicita de s'être fatiguée à ce point. Elle n'en aurai peut-être pas besoin.
Effectivement, à peine eut-elle posé la tête sur l'oreiller que Morphée la téléportait sur les rives de la Delaware, son QG. Elle passait un temps fou là-bas, c'était habituellement calme et relaxant. Elle et Mary avaient l'habitude de s'y faire bronzer en toute tranquilité. Mais ce jour là, il y avait un monde incroyable. On devait être dimanche. On un jour férié. Il y avait des familles partout, des enfants qui couraient en riant et des mamans qui les suivaient avec ces sourires un peu bizarres qu'ont les mamans qui voient leurs enfants heureux.
Elle était assise sur un banc. Il y avait quelqu'un à côté d'elle, mais elle ne tourna pas la tête pour le regarder. Elle savait qui c'était, elle pouvait sentir son parfum et celui-ci, elle l'aurait reconnu entre mille. C'était le parfum du bonheur quotidien. Le parfum des toujours. C'était son parfum.

Elle sentit la chaleur et la douceur de la main du jeune homme lorsqu'elle se posa sur la sienne et sourit, ne quittant pas des yeux la rive opposée de la Delaware. De ce côté, il y avait aussi un parc. Mais c'était un endroit très peu fréquenté et mal entretenu. C'était joli et Norah s'y était une fois ou deux promenée, elle avait trouvé le coin charmant. Mais c'était assez cahotique et inaccessible à des familles avec des enfants. Alors focément, il n'y avait presque personne là-bas. La vision était relaxante, mais pas aussi appaisante que le contact de la main de Nicholas.

Norah sourit et entremêla ses doigts à ceux de l'ange qu'elle avait souhaité retrouver et que son inconscient la laissait enfin rejoindre. C'était plaisant d'être enfin proche de lui à nouveau. De se sentir vivre l'espace d'un moment.

- Salut, toi. Murmura-t-elle, sans se départir de son sourire.

Norah sursauta, un peu surprise de cette question. Quoi? Il ne l'avait pas deviné?

- Je suis venue te voir, bien sûr. Comme toutes les nuits. Mais d'habitude tu ne me vois pas. Pour une fois, tu devais aussi avoir envie de me voir. Peut-être... Je ne sais pas. Je me trompe sans doute, pourquoi est-ce que tu voudrais me voir ce soir?

Elle baissa les yeux et rougit, un sourire d'excuses sur le visage. Peut-être qu'elle avait tout faux. Peut-être qu'il était encore en colère... C'était même certain. Il lui en voudrait toujours. Mais elle ne pouvait pas le blâmer pour ça, elle était dans le même cas. La seule différence était qu'elle s'en voulait à elle-même de lui avoir parlé si durement, d'avoir été si sévère avec lui. Lui, ne regrettait peut-être rien du tout. Et peut-être qu'il la détestait vraiment. Pour toujours. Mais à ses yeux, c'était peu probable. S'il l'avait aimée si fort qu'il le disait, il ne pouvait pas être capable de la détester en toute sincérité.

Cependant, elle n'osait pas tourner la tête. Elle avait peur de croiser son regard, de se retrouver face à l'expression de son visage. Avait-il cet air soucieux qu'il affichait après leurs petites disputes au cours de leurs sept années d'idylle? Souriait-il avec bonheur à l'idée de la revoir? Etait-il gêné de la retrouver ou du geste qu'elle avait engagé? Etait-il encore en colère et la regardait-il sévèrement?

La curiosité la démangeait, mais la peur était plus forte. Elle n'avait pas le courage de le regarder. Pas encore. Si la deiscussion continuait et qu'il ne s'énervait pas trop, alors, peut-être trouverait-elle la force de chercher à plonger un instant dans le brun de ses yeux. Juste une seconde pour frissonner encore une fois. Par gourmandise...

A cette dernière phrase, elle lâcha la main du jeune homme pour s'auto triturer les doigts. Le contact de sa peau était appaisant et chaleureux, mais lorsqu'il s'associait à ce genre de phrase il devenait brûlant à en avoir mal et dérangeant. Embarassée, elle tenta de bredouiller quelques mots mais rien de sensé ne deigna dépasser ses lèvres. Encore et toujours. Un jourd, peut-être, finirait-elle à s'habituer à la perte de ses mots chaque fois que Nicholas était près d'elle.

Elle attrapa à nouveau sa main et y déposa un tendre baiser.

- Ne m'en veux pas pour mon absence, s'il te plait. Je ne suis là pour personne ces derniers temps. Je reste enfermée chez moi à boire du thé au citron à longueur de journée. Je commande un plat chinois par semaine et je tiens les sept jours avec le même, en grignottant un peu, de temps en temps. Je ferme à double tour et personne ne vient me voir puisque je n'ai donné mon adresse qu'à Kaï et Maxence en leur signifiant que c'était inutile de passer. Je bricole, je refais tout l'appart'. Et j'ai l'air de plus en plus minable. Regarde-moi... Je ne ferais envie à personne.

Elle haussa les épaules. Tant pis. Tant mieux.

- Oui, je sais que c'est faux, dit-elle, boudeuse. Mais je m'en fout.

Elle tourna la tête vers lui, une moue de gamine sur le visage. Bah! Il ne pouvait pas comprendre, le pauvre... Il vivait encore à Toudoux Land. Elle sentait encore sa peaux douce contre la paume de sa main, ce contact qui la réchauffait de l'intérieur. Elle le détailla de la tête aux pieds, un mince sourire sur le visage. Elle l'aurait mangé tout cru. Inutile de se le cacher elle n'avait qu'une envie, s'asseoir à califourchon sur ses genoux et dévorer ses lèvres encore et encore jusqu'à en mourir étouffée. Ouvrir cette fichue chemise et caresser son torse à l'infini. Juste poser ses lèvres dans son cou et s'emplir de son odeur pour être certaine de ne jamais oublier la magie de sa présence. Mais c'était interdit. Elle le savait, elle avait bien fini par se le mettre en tête. "Attention pas toucher"

Elle s'octroya tout de même le droit de se rapprocher de lui et de poser doucement sa tête contre l'épaule de celui qu'elle avait toujours concidéré comme son prince charmant. Le petit sauveur qui l'avait aidé à garder la tête hors de l'eau quand elle était sur le point de se noyer dans ses propres sentiments. Le héros qu'elle adulait depuis si longtemps... Malgré la douleur.

- Je t'aime... Murmura-t-elle, le regrettant immédiatement. Elle ne voulait pas le dire, elle l'avait juste pensé... Mais c'était sortit tout seul et voilà...

Elle eut un rire amer, un peu perturbée, elle aussi, par cette réponse. Elle commençait à penser que lui et elle n'avaient pas la même définition de l'amour. Ou peut-être était-ce autre chose.... Mais il y avait bien quelque chose. Ca coinçait quelque part. Forcément.

- Mais... Oui, mais... Non...

Un long soupir s'échappa de ses lèvres alors qu'elle fermait les yeux, tentant de trouver une explication. Se répondre a elle-même avant de lui poser la question, à lui. mais aucune réponse plausible ne lui venait en tête. Les faits se contredisaient, c'était un véritable casse-tête.

- Pourquoi tu dis ça? Finit-elle par oser, d'une voix suppliante, resserant ses doigts fins autour de la main de Nicholas qui venait de l'attrapper, et son étreinte autour de son bras musclé, le visage pratiquement enfoui contre son aisselle.

- mais... Je voudrais...! Se plaingnit-elle. J'ai tellement envie d'être à nouveau ton amie! Mais je suis incapable de ne plus être ta petite amie! Quand je vois tes... Tes mains... Tes lèvres... J'peux pas oublier leur douceur... L'impression de chaleur au fond de moi quand tu me serrais contre ton torse nu le matin... Cacher mon visage dans tes cheveux pour m'endormir... Râler en retrouvant tes chaussettes sales sous la table du salon mais les ranger quand même... Me réveiller à deux heures du matin en t'entendant rentrer de tournée et te faire un massage pour te souhaiter la bienvenue à la maison... Passer des heures à potasser des bouquins de cuisine en m'énervant et en jetant les livres toutes les quinze secondes parce que je suis nulle en cuisine mais que j'ai envie que tu sois fière de moi... Passer un week-end entier à ne faire que manger dormir et te faire l'amour...

Elle rit, levant les yeux au ciel et secouant la tête.

- Je sais que c'est ridicule et tu vas dire que j'ai trop regardé Simsala Grimm quand j'étais gamine, mais, quand je croisais ton regard, j'entendais toujours les deux petits personnage dire "et ils vécurent heureux. Heureux, pour toujours!"

Elle se sentit tétanisée, un instant, se demandant ce qui lui arrivait. Elle pensa à une hallucination, elle pensa qu'on l'avait tuée dans son sommeil et qu'elle était directement passée de son rêve au paradis, elle pensa que la peinture contenait peut-être une substance moyennement correcte et qu'en la respirant toute la journée elle s'était complètement shootée...
Mais elle savait bien, au fond, que ces hypothèsent étaient idiotes et fausses. C'était juste un rêve. Ni plus, ni moins. Mais c'était un merveilleux rêve.
Elle se blotit contre lui, souriant, les yeux fermés, et tenta de profiter un maximum de sa proximité. La joue posée contre l'épaule musclée de son petit amour, elle respirait son odeur, se sentant basculer doucement dans cet état étrange de bien être et de bonheur.

Il s'était rapproché d'elle et la serrait doucement. C'était déjà bien assez pour qu'elle se sente mieux. Doucement elle glissa une main dans son dos et le serra un peu contre elle. Elle n'avait toujours pas ouvert les yeux et continuait de sourire avec béatitude lorsqu'un mice soupir s'échappa de ses lèvres.

**Quel bonheur...**

Elle pouvait sentir, presque autant que s'il était palpable, le bonheur qui roulait en elle, ravivant le flux du sang pourpre qui coulait dans ses veines. Elle sentait l'air entrer dans ses poumons et la joie se propager dans son petit corps si menu. L'air qu'elle inspirait à présent était celui qu'il expirait. Celui qui dépassait ces lêvres parfaites pour glisser sur celles de la jeune blonde et aller carresser doucement ses joues et son menton. Elle espéra que cet instant dure toujours. Ne plus jamais se réveiller, ne plus jamais se séparer de lui. Elle n'avait pas fermé les yeux. Elle n'était pas assez consciente pour y penser. Elle nageait dans la douce chaleur de son halène, dans cet indéfinissable bonheur.
Elle eut un mouvement de menton imperceptible et ses lèvres frôlèrent celles de Nicholas. L'espace d'une ou deux minutes, leurs lèvres se caressèrent, juste de manière indiscernable, juste pour se retrouver. Elle voulait laisser à son corps, le temps de ressentir à nouveau la subtilité du contact de celui du jeune brun.
Elle frissonnait de passion et d'impatience bien qu'elle se frennât elle-même dans l'élan de son amour débordant pour le frisé. Serrant les poings, elle s'empêchait de précipiter son corps brûlant contre celui, déshabitué, de Nicholas. Mais l'envie était si forte qu'elle ne tarda pas à embrasser doucement, tendrement, les lèvres du jeune homme. Elle ne savait plus bouger. Seules ses lèvres pouvaient encore se mouvoir, déposant d'infime baisers sur les lèvres tendres de son rêve. Elles étaient tièdes, humides, accueillantes... Tout ce qu'elles avaient toujours été, tout ce dont Norah avait toujours eu besoin.
Sa main parvint à se frayer un chemin jusque celle du brun et à la serrer amoureusement. Oh elle ne le lâcherait pas avant un moment, c'était certain. C'était trop beau, trop important, pour qu'elle se permette cette folie.

"Tu pleures?
- Je suis une femme du désert, répondit-elle, cachant son visage. Mais, avant tout, je suis une femme."

Fatima rentra dans sa tente. D'ici peu, le soleil allait paraître. Au lever du jour, elle sortirait faire ce qu'elle faisait depuis des années; mais tout avait changé. Le garçon n'était plus dan l'Oasis, et l'Oasis n'aurait plus la signification qu'elle avait jusque là, bien peu auparavant. Ce ne serait plus cet endroit de cinquante mille palmiers dattiers et trois cents puits, où les pèlerins étaient heureux d'arriver au terme d'un long voyage. L'Oasis, à partir de ce jour, serait pour elle un lieu vide.
De ce jour, le désert serait plus important que l'Oasis. Elle passerait son temps à regarder le désert, en se demandant sur quelle étoile le garçon se guidait, à la recherche du trésor. Elle lui adresserait ses baisers par le vent, espérant que celui-ci toucherait le visage du jeune homme et lui dirait qu'elle était vivante, qu'elle l'attendait, comme une femme attend un homme de courage qui suit sa route, en quête de songes et de trésors.
De ce jour, le désert ne serait qu'une seule chose: l'attente de son retour.


C'était trop beau. Bien trop beau, même pour un rêve. Les petits poings encore faible de la tristesse et de la résignation de la jeune femme agrippèrent la fine chemise noire du jeune homme pour le tirer à elle dans toute sa possessivité. Elle prit une grande inspiration, peut-on jamais être sûr que le souvenir d'un incroyable instant de perfection reste toujours? dans le doute, chaque possibilité de se l'assurer était bonne à prendre et prise par Norah. Même s'ils savaient parfaitement, au fond d'eux, qu'elle ne laisserait probablement jamais tomber l'idée de le récupérer un jour, elle tentait d'agir comme si chaque instant de bonheur passé avec lui était le dernier. Comme si l'interdit pouvait les séparer. Car il le pouvait. Il pouvait l'éloigner d'elle, il fallait qu'elle soit capable de soutenir cette séparation, qu'elle puisse traverser le puissant désir de disparaître qui naissait en elle chaque fois qu'il s'éloignait. Et parce que le soir, seule, elle pouvait pratiquement les entendre se murmurer leur amour, elle devait tout faire pour ne pas perdre la tête. Même si, pour cela, elle devait se réfiguer chaque nuit dans un monde d'imaginaire qui régénèrerait et embaumerait son coeur en l'enveloppant de la douceur de ses souvenirs.
Ses lèvres durent quitter un instant celles, parfaites, de son amour parcqu'elle sentait son corps l'appeler à l'aide. L'air lui manquait, elle ne tiendrait plus sans. Elle prit alors une grande inspiration, comme lorsque l'on sort de l'eau après une longue période d'apnée et s'agrippa à lui, plus fort encore. Le souffle court, elle sourit, ses lèvres se dirigeant vers la joue tendre et rose de Nicholas.

- Je t'aime, murmura-t-elle, déposant de minuscules baisers sur sa peau et descendant lentement le long de sa machoire et jusque dans son cou. Je t'aime, répétait-elle pour s'assurer qu'à son réveil, il entendrait encore la voix douce et posée de la blonde lui répéter la phrase la plus lourde de sens qu'elle ait jamais dite à personne.

Ses mains glissèrent lentement jusque sur la taille du garçon qu'elle caressa du bout des doigts, par dessus sa chemise. Elle continuait d'embrasse son cou, lorsque sa main droite se fraya un chemin jusqu'au col de la chemise de coton noire et caressa doucement la peau découverte, légèrement halée de celui qu'elle pouvait à présent appeler, l'homme de ses rêves.

Un rêve, un rêve doux et rassurant. Qu'il est beau son prince charmant. Qu'il était doux. Et qu'il sentait bon... Son petit corps se réchauffait doucement contre lui et elle sourit, cachant son visage dans le cou tendre et tranquilisant de Nicholas. Elle réalisa alors qu'elle n'entendait plus les cris des enfants qui jouaient, ni le murmure des paroles de mères qui discutaient. Levant la tête elle en les retrouva pas. Plus personne sur les rives de la Delaware.
Ses joues rosirent et un sourire sse dessina sur ses lèvres. Elle était avec lui, dans cet endraoit magique et ils étaient seuls. Quelque années auparavant, il n'aurait pas fallu une seconde de plus avant qu'elle ne soit projetée au sol par le bras puissants du frisé et qu'il n'embrasse avidement son cou. Mais aujourd'hui c'était différent. Manquait-il d'imagination? Avait-il besoin qu'elle lui rafraichisse la mémoire? Sa main droite glissa sous la chemise de son bien aimé et elle caressa doucement son ventre en fredonnant les paroles d'une chanson de Nirvana...

- Rape me... Rape me my friend... Rape me... Rape me again... I'm not the only one, I... I'm not the only one...

Bien spur qu'elle n'était pas la seule. Mais où se trouvait l'importance à cet instant précis?